NAPOLI À LA FOLIE !
Carnet de voyage footballistique
Il fallait bien que ça arrive. Malgré les petites turpitudes du quotidien qui nous
conduisent à toujours remettre au lendemain nos désirs les plus fous, voire
inavouables, j’ai franchi le pas. À bien y réfléchir, il suffisait de
lâcher prise et de se laisser porter par l’irrésistible courant de la passion
pour l’Italie et le football. Chose faite, me voilà transporté au cœur d’une
ville qui fait peur autant qu’elle fascine. Est-ce bien raisonnable ?
Mes plus belles images d’elle remontent à 1987, année du
premier scudetto.
Maradona s’amuse sur le terrain et les napolitains dansent dans les rues. 27
ans déjà… Depuis, lorsque j’entends parler d’elle, c’est à cause de ses
mafieux, de ses drogués ou de ses poubelles…
Je me dis pourtant qu’une ville qui s’est arrêtée de
vivre pour fêter son équipe de football ne peut pas être si mauvaise
que ça. De toutes manières, si je tiens à me faire ma propre opinion et,
surtout, si je veux m’enivrer des senteurs nostalgiques de San Paolo, je n’ai
pas le choix.
Après Liverpool et Turin, je revêts à nouveau mes habits
de voyageur en ballon. Direction : NAPOLI !
120 pages - 68 photographies N&B
10 € TTC
Livre en rupture de stock.
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Sommaire
1.
Naples, comme une évidence
2.
La Piazza Garibaldi,
l’Afrique noire et Francesca
3.
La boutique du tifoso
4.
Le soldat amoureux
5.
La passion selon Mauro
6.
Peur sur la ville
7.
Josua et les chinois
8.
Rendez-vous en mairie
9.
Accueil à la napolitaine
10. Un
match à San Paolo
11. Napoli
nel cuore
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Extrait 1
« Autant l’avouer d’emblée : si la
perspective d’un voyage à Naples est de nature à stimuler mon indéfectible
fibre footballistique, elle déclenche une appréhension certaine quant à
l’accueil qui me sera réservé par cette ville si souvent médiatisée pour des
faits bien regrettables…
Pour lever mes doutes et calmer ma vilaine nervosité,
je démarre donc la préparation de mon expédition par quelques savantes
recherches d’informations sur ma future destination.
Premier objectif : faire tomber les idées
reçues ! Assoiffé de vérités, je n’évacue aucun sujet tabou et commence
ainsi par plonger ma tête de linotte dans les poubelles de Naples.
Jonchent-elles toujours autant les rues et les avenues, transformant ainsi la
ville en déchetterie à ciel ouvert, comme le montraient récemment encore les journaux
télévisés ? Les premiers éléments de l’enquête me rassurent. Cette « crise
des déchets » date de 2008 et si tout n’est pas encore parfait, il
semblerait désormais possible de circuler sans crainte de tomber nez à nez avec
une grosse bestiole sortant d’un sac poubelle éventré. Malgré tout, une
question se pose : comment Naples a-t-elle pu en arriver à cette situation
ubuesque dont les images avaient fait le tour du monde et marqué ainsi les
esprits pour, a minima, des décennies ?
Tout débute bien avant 2008. Les déchetteries de la
Campanie, région dont Naples est le chef-lieu, arrivent à saturation et
cherchent à étendre leurs terrains. Il faut dire que cette région accueille
aussi bien les déchets du sud de l’Italie que ceux du nord du pays, y compris
ceux, toxiques, de l’industrie milanaise... Il se dit même que le sud de
l’Italie est le cimetière préféré des cartouches d’encre usagées des
imprimantes lombardes… Bref, la Campanie ne disposant alors d’aucun
incinérateur, ces déchets étaient compactés sous forme de cubes et stockés dans
les déchetteries. La population locale, excédée par la gestion de cette crise,
combattit violemment la création de nouveaux lieux de stockages pour une raison
plutôt louable. En effet, les élites politiques projetaient d’ouvrir des
déchetteries au pied de certaines habitations, là même où elles avaient décidé
de leur fermeture quelques années plus tôt pour cause de désastre
sanitaire ! Pour information, certains villages de cette région présentent
aujourd’hui un taux de malformation fœtale supérieur de 20% à la moyenne du
pays…
Si vous vous étonniez auprès d’un napolitain de la
confusion de cette situation, il vous dirait : « Bienvenue à Naples.
Tout ce qui paraît normal ailleurs est ici l’excellence ! »...
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Extrait 2
« Alors que je passe devant un marchand ambulant
de drapeaux du Napoli, je vois au loin une devanture d’un autre magasin
d’articles pour supporters. Cette ville est un paradis sur terre, je vous
dis ! La petite boutique est tenue par Corrado, un napolitain d’une
quarantaine d’années, accompagné de sa femme et de sa fille. Voilà un an qu’il
tient ce magasin qui, selon ses dires, marche plutôt bien, notamment grâce aux
touristes étrangers. Il faut dire que l’emplacement est stratégique puisque
situé à côté de l’une des pizzerias les plus réputées et fréquentée de la
ville, Da Giovanni. Surtout, ce commerce lui permet de joindre l’utile à
l’agréable, lui le fidèle tifoso du Napoli. « Je supporte cette équipe
depuis toujours et je suis abonné au stade San Paolo depuis très longtemps, en Curva B, une des
tribunes où l’ambiance est la meilleure ! » Il ne fait cependant pas
partie d’un groupe de supporters. « À l’époque de Maradona, je faisais
partie du Commando
Ultra Curva B, créé par Palummella, mais
plus maintenant… » m’explique-t-il. Devant mon regard interrogatif au
sujet de ce « Palummella », « la Colombe » en italien, il
précise son propos : « Il s’agit du surnom de Gennaro Montuori, un
tifoso du Napoli qui, par son charisme, prit la tête du premier groupe organisé
de supporters napolitains, dans les années 70. Le « Commando Ultra Curva
B » (CUCB) comptait alors plus de 7 000 membres et regroupait tous
les jeunes napolitains, tous quartiers confondus. Une union qui connut son
apogée avec le succès de l’équipe à la fin des années 80. L’ambiance au stade
San Paolo était fantastique avec plus de 90 000 spectateurs et de
magnifiques tifos.
En déplacement aussi, il fallait voir ça ! Je suivais l’équipe partout en
Italie. Lorsque nous allions à Rome, 30 000 napolitains se
déplaçaient et occupaient quasiment la moitié du stade ! De nos jours, avec les
règles en matière de déplacements, on ne pourra plus jamais voir ça… » me
dit-il avec nostalgie, devant sa femme qui, d’un hochement de tête, confirme le
propos. »
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Extrait 3
« Pasquale me propose ensuite d’assister à
l’arrivée des bus des deux équipes. C’est dans une sacrée cohue que celui du
Napoli est accueilli sous les hourras des centaines de tifosi présents. Celui
de l’Inter Milan provoque bien évidemment moins de ferveur. Insultes et gestes
appropriés sont de sortie, dans une certaine mesure cependant. Heureusement,
pourrait-on dire, puisqu’en cas de débordement, ce ne sont pas les quelques
policiers présents qui pourraient apporter une quelconque protection aux
milanais. « Lorsque c’est le bus de la Juventus qui vient ici, les
bouteilles volent ! » me confie Pasquale, comme pour me rassurer sur
le sens de l’accueil des napolitains à l’égard des turinois. Je n’en doutais
cependant pas un instant.
Le grand moment est arrivé. Nous nous présentons
devant la grille d’entrée de la Curva B et
enfonçons les lourdes portes tournantes. Pasquale tend les deux billets au
guichetier alors que je montre ma pièce d’identité. « C’est un journaliste
français qui écrit un livre sur Naples » résume Pasquale. Le guichetier se
met à sourire et me dit : « Bienvenue à Naples ! Vous savez, ma
femme est française alors j’adore la France ! » L’accueil est donc
très chaleureux et la fouille très sommaire…
Après avoir monté quelques marches, nous nous
retrouvons sous la tribune. Dans un coin, quelques tifosi du groupe Ultras
72 s’affairent à la préparation de l’animation. Contre le mur sont
posés une dizaine de drapeaux blancs et bleus alors que quelques mégaphones
patientent sagement au pied de grands sacs contenant certainement le reste du
matériel. Un peu plus loin, tout un pan de mur est recouvert par l’emblème
du principal groupe Ultra, les Fedayn, avec une philosophie symbolisée par leur
slogan : « Estraniei Alla Massa – EAM » signifiant leur refus de
toute compromission et d’une totale indépendance vis-à-vis du club. »
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Photos de voyage